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Frederik Haranburu "Xistor", prisonnier politique basque, commence sa 24° année de prison; il aurait pu être en liberté condtionnelle depuis 2008. Soutenons sa demande de liberté!

Interview de Joana

Joana Haramboure : « Lannemezan est emblématique de nos revendications pour les prisonniers "

13/12/2013

Entretien avec Joana HARAMBOURE / Fille de Frederik Haranburu, incarcéré à Lannemezan

Giuliano CAVATERRA

Demain, le mouvement Herrira organise une marche à la prison de Lannemezan en faveur des droits des prisonniers basques. Le JPB s’est entretenu avec Joana Haramboure, fille d’un des militants basques incarcérés à Lannemezan, Frederik “Txistor” Haranburu. Ce dernier entrera en avril 2014 dans sa 25e année de détention et a déposé une demande de libération conditionnelle.

Quelle est la situation de votre père ?

Mon père a été arrêté le 5 avril 1990 en même temps que Ion Kepa Parot et Jakes Esnal (Unai Parot avait été arrêté un peu avant dans l’État espagnol). En 1997, ils ont été condamnés à la perpétuité avec, pour Jakes Esnal et mon père, une peine de sûreté de 18 ans. Mon père est incarcéré à Lannemezan depuis 2002. Depuis 2008, la période de sûreté est levée et il peut prétendre à une libération conditionnelle.

Justement, votre père a-t-il fait une demande de libération conditionnelle ?

Il a fait sa première demande le 4 juillet de cette année. Il faut compter environ six mois pour avoir une réponse, on devrait donc l’avoir dans les prochains jours. Mais on sait très bien qu’en France, on peut faire autant de demandes que l’on veut, ça ne veut pas dire pour autant qu’on obtient cette libération conditionnelle.

Deux choses ont motivé mon père à faire sa demande cette année. La première est liée à l’état du processus en cours au Pays Basque. La déclaration d’Aiete en 2 011 et l’adhésion du Collectif des prisonniers et prisonnières politiques basques ont joué un rôle important dans sa décision. La deuxième raison est qu’il souffre d’un gros problème de genoux qui nécessite une opération lourde et surtout une longue rééducation derrière qui ne peut être faite en prison.

Je voudrais ajouter, ce qui est sans doute difficile à comprendre pour certains, que la prison à vie, c’est en fait une peine de mort lente.


En tant que famille, comment vivez-vous cette situation ?

Ce qui est le plus difficile, c’est de ne pas avoir de date de sortie. Pour nous comme pour les prisonniers, c’est l’incertitude permanente. Car dans le cas des prisonniers politiques, ce n’est pas le droit qui prime, mais la volonté des États.

Votre père combine deux des revendications des soutiens aux prisonniers basques : la libération des “conditionnables” et celle des détenus malades…

Non, non, attention, mon père n’est pas gravement malade, il ne souffre pas d’une maladie incurable. Il a certes eu dans son parcours pénitentiaire pas mal de problèmes de santé, avec notamment un angiome cérébral, mais il ne fait pas partie des prisonniers gravement malades.

En revanche, à Lannemezan est incarcéré Ibon Fernández Iradi qui, lui, est atteint de sclérose en plaques, une maladie incurable et irréversible et qui devrait être libéré immédiatement au vu de cet état de santé.

Est-ce qu’on peut dire que la situation à Lannemezan est emblématique des revendications portées par les mouvements de soutien aux prisonniers ?

Oui, tout à fait. On trouve dans cette prison six prisonniers politiques basques. Cinq sont condamnés à plus de 15 ans. L’un d’entre eux, Ibon Fernández, est donc gravement malade. Deux sont “conditionnables”, mon père depuis 2008 et José Ramón Lete Alberdi depuis 2010. Un troisième, Joseba Segurola, le sera à partir de l’année prochaine. La prison de Lannemezan est donc bien symbolique de nos revendications.

Qu’allez-vous réclamer lors de la manifestation de Lannemezan ?

À Lannemezan, nous manifesterons pour le respect des droits des prisonniers politiques. Je dis prisonniers politiques même si je sais que certains ne veulent pas l’entendre, parce qu’ils sont prisonniers dans le cadre d’un conflit de nature politique. Et même si les États ne leur reconnaissent pas ce statut, on voit bien qu’ils ont un traitement différent de celui des autres prisonniers. Tout est plus compliqué pour eux et leurs droits sont niés. En ce qui concerne les libérations conditionnelles, on le voit bien. Même quand les dossiers sont solides, on cherche le petit détail qui permettra de refuser la libération.

Quels sont ces droits ?

Parmi ces droits, il y a bien sûr le droit des prisonniers gravement malades à être libéré. Le droit de tous les prisonniers qui ont fini leur condamnation à être libéré. Il y a aussi le rapprochement des prisonniers de leurs familles, et puis il y a tous ceux liés au quotidien, comme le droit à faire des études, aux communications, etc. Nous demandons des mesures immédiates comme “premiers pas” comme la libération d’I. Fernández Iradi, celle des “conditionnables” et l’arrêt des violences contre les prisonniers.

Nous voulons mobiliser les gens autour de ces questions. Montrer aux États français et espagnol, qui ne veulent toujours pas faire de pas, que nous sommes là et que nous serons toujours là.

 

Trois bus pour une marche revendicative et festive

Les départs en bus pour la marche à Lannemezan se feront à 9 h 30 de Saint-Jean-Pied-de-Port (marché), réservation au 06 70 77 33 10. Pour la Soule : Johanne au 06 18 52 65 00. Pour Saint-Jean-de-Luz (station de bus), réservation auprès d’Ester au 06 32 09 35 51. Pour Bayonne (place Saint-André.), appeler Josune au 06 32 19 10 28. Pour le retour, le départ des bus est prévu à 15 heures de Lannemezan.
Sur place, à partir de midi, se succéderont txalaparta, bertsulari, flashmob et prises de paroles. Un message des prisonniers sera lu aux participants.
Un grand pique-nique sera ensuite organisé, précédé d’un apéritif agrémenté de txistor.

 

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